Au fil de ma plume
Il y a des poèmes
Qu'on écrit en un souffle
Et d'autres
Qui nous prennent des mois
Ou bien des années
Qui nous brûlent
Qui nous rongent
Comme des refrains incessants
Qui martèlent nos âmes
Et qui blessent notre chair
Des poèmes qui nous marquent
Au fer rouge
Il y a des poèmes
Qu'on imprègne de désir
Et d'autres
D'une rage violente
Qu'on écrit à l'instinct
Comme un animal blessé
Qui essaye de survivre
Aux turpitudes de la vie
Comme un écorché vif
Qui subit les morsures
Des charognards voraces
Et du soleil
Il y a des poèmes
Qu'on aimerait écrire
Et d'autres
Que l'on voudrait oublier
Mais qui s'incrustent
Comme une trace de la vie
Une marque indélébile
Qui nourrit notre vie
Qui assaille notre âme
Qui assiège nos pensées
Comme une force
Imperceptible et tenace
Il y a des poèmes
Qui exprime nos blessures
Et d'autres
Celles des autres
Que l'on subit en silence
Et que l'on jette
A la face du monde
Pour mieux le troubler
Et pour mieux nous absoudre
De ce monde troublant
Et instable qui nous entourent
Dans lequel on se meut
Il y a des poèmes
Qui s'inspirent à eux seul
Fluide comme de l'eau
Guidant notre plume
Ils nous dictent leurs lois
Libre ils se mettent
A chanter et à danser
Sur la feuille blanche
Comme si nous n'étions pas là
Comme si un oiseau-lyre
Avait soudain reprit sa liberté
Laissant l'homme sur le chemin
Il y a des poèmes
Si durs et si tenaces
Que les mots se figent de torpeur
Comme si l'hiver les avaient
Recouvert d'un manteau de glace
Ils nous harcèlent pour les libérer
Puis viennent se cacher en nous
De la plus désordonnée des manières
Qu'il faut jouer au puzzle
Pour en retrouver le sens
Qu'ils préfèrent nous cacher
De peur de blesser
Et il y a ce poème
Qu'on essaye d'écrire
Durant toute sa vie
Le plus beau des poèmes
Dont on sait d'avance
Qu'on ne pourra jamais l'écrire
Malgré qu'un “je t'aime”
Jeté sur une feuille blanche suffit
mais les mots ne sont pas
Assez fort pour l'exprimer
C'est un poème que l'on vit
Mais que l'on ne peut écrire
© Sébastien Knittel – Tous droits réservés, 2010
