Le poète
Il se réveille
Tôt le matin
Ou bien la nuit
Pour regarder la vie
Et la société
Droit dans les yeux
Et faire tomber les masques
Il en est la conscience
Celle qui dérange
Celle qu'on cache
Le témoin gênant
Le poing levé
Ou l'emmerdeur
Celui qui en quelques mots
Peut engendrer l'indignation
Et les prises de conscience
Il se brûle et se déchire
Aux bonheurs
Aux souffrances
A nourrir ses écrits
De grandeurs, de déchéances
A cœur ouvert
Sans concession
Il peint le portrait
Friable de la société
Il est le miroir
D'un monde réel
Celui où il coule ses jours
Qu'il regarde
Sans regarder
Pour en retirer
La senteur et l'essence
Il est celui
Qui porte les paroles
Des silencieux qui n'osent
Plus se lever ou bien crier
Celui qui unit les Hommes
Quand l'adversité devient pesante
En quelques vers pour une idée
C'est l'insomnie et les cauchemars
Des bon-penseurs, des décideurs
De la pseudo-normalité
Celui que l'on nomme et que l'on cite
Pour exprimer des idées
Quand celles-ci deviennent
Trop lourdes à porter seul
Parfois il parle d'Amour
Et de chagrin noyé au fond d'un verre
Mais il est avant tout
Lui-même un être
Comme vous et moi
Une femme ou bien un homme
Qui laisse parler sa plume
Quand il ne peut plus garder secret
Ce que la vie ose lui montrer
Il est celui ou celle
Que l'on nomme poète
Certains le pensent rêveur
Ou bien encore rebelle
Mais il n'est que le peintre réaliste
De la vie et de la société
Qui se dévoile face à lui
Et qu'il peint avec ses mots
Sans se voiler la face
Bien-sûr tout le monde
Voudra l'écorché vif
Pour avoir montré
Le vrai visage de la vie
Et de la société
Cette réalité qui dérange
Que l'on ne veut pas voir
Et surtout pas entendre
Celle que l'on cache sous le tapis
Pour être présentable
Et avoir bonne conscience
Infligeant des œillères et des brides
Pour se cacher derrière l'image
D'une société fantaisiste
Inconsciente volontaire
De sa propre réalité
© Sébastien Knittel – Tous droits réservés, 2011